samedi 2 juin 2012

Moving on.



01/06/2012:

Ça y est. Après quasiment une semaine réduite à porter les mêmes frusques, immondes j'ai décidé de récupérer mes affaires. Ai orchestré mon coup pour ne pas tomber sur l'Immonde, en choisissant son jour de boulot le plus overbooké. Aujourd'hui, il est aux abonnés absents de 9h à 19heures. Pour assurer l'efficacité de l'affaire, j'ai débauché le troupeau de copines pour m'aider à fourrer toutes mes possessions dans le camion de déménagement spécialement affrété pour l’occasion.

En arrivant devant l'immeuble, elles sont toutes là. Hannah, Eryne, Sophie, et Lena. Le Gang, le noyau dur de ma vie sociale, mes super potesses que j'aime habituellement à la folie. 

Mes super potesses que j'aime habituellement à la folie, en plein mode empathie poussé à l'extrême.  

Quand je débarque, j'ai droit au traitement deluxe. Le regard compatissant et humide, ainsi que la tonne de serrage de main, de tapotements et de sourires sensés me filer le courage et l'espoir dans la vie. Du concentré de pitié affectueusement prodiguée. Un peu comme si j'étais porteuse d'une maladie honteuse et douloureuse et qu'elles étaient les bonnes sœurs en charge d'apaiser mon calvaire par de bonnes paroles. Le seul moyen de stopper ça est de nager dans le déni de souffrance et prétendre survivre dans mon nouvel habitat de "meuf trompée fraichement célibataire" tel Rambo survit dans sa jungle. J'arbore donc le sourire de grand format, et discute l'air de rien sur le déroulement de l'opération alors que mes paumes sont moites à l'idée que mon plan foire et que d'une façon ou d'une autre je voie K. aujourd'hui.

Heureusement quand j'ouvre la porte de l'appartement, le lieu est exempt de sa fétide présence. On commence immédiatement à fourrer mes affaires dans des cartons et les descendre dans le camion. Au bout de deux heures, c'est quasiment fini, et il ne reste plus que deux sacs de bouquins à mes pieds. J'ai emporté ma coiffeuse, mon canapé, ma commode, ma penderie, mon ordi portable, ma machine à laver,  ma machine à café, ma table basse et l'intégralité de mes produits de beauté de la salle de bain. L'appartement a l'air d'avoir essuyé un cambriolage des plus méticuleux. Il est totalement défiguré. Ce qui m'apporte une certaine satisfaction. Autour de moi, les filles discutent joyeusement en fumant. Je pense furtivement à la moquette blanche au sol et à la cendre... et puis je souris parce que ça n'est carrément plus mon problème. L'une des filles allume la chaîne hifi et met de la musique. Le Cd dans la platine se lance automatiquement et les premières notes de Gotye s'égrènent. Le moment est étonnamment calme et presque joyeux. 



Prise d'une inspiration, je fouine dans le frigo et déniche le magnum de champagne que j'avais offert à K. dans un moment de romantisme écœurant. La bouteille qu'on avait prévu de boire ensemble pour notre 4ème anniversaire. Nous trinquons toutes à ma nouvelle vie, peu importe ce que cela veut dire. Je ne sais pas si c'est le champagne, le fait que je n'ai rien mangé de la journée ou passé l'aprem à soulever des trucs mais je suis prise de vertige et les bulles me montent à la tête. Entre deux éclats de rires, j'avise du coin de l’œil une ombre au tableau.

La porte d'entrée est restée grande ouverte pour faciliter nos passages avec les meubles. Dans l'embrasure se tient Leprechaun, les yeux braqués sur notre petit groupe, un téléphone vissé à l'oreille en train de murmurer à toute vitesse. Comme dans un rêve, je fond droit sur elle. Elle recule précipitamment mais pas assez rapidement pour m'empêcher de lui arracher le téléphone des mains. Au combiné, un K. vociférant. Un large sourire fend ma bouche quand je lui raccroche au nez. La fille est pétrifiée en face de moi et n'esquisse pas le moindre geste. Derrière moi, je sens les filles se rapprocher et observer l'inconnue. Elle a l'air tellement terrifiée et mal à l'aise que j'éclate de rire. Elle me regarde comme si j'étais totalement folle.

- Oh ne t'inquiètes pas, j'ai laissé le lit.

Bouche bée, son visage vire au cramoisi, offrant un étonnant ton sur ton avec sa chevelure. J'extirpe mes clés de mon jean et les lui fourre dans la main, avant de descendre l'escalier toujours hilare. Je reste dans cette état de joie étrange / crise de nerfs bien après avoir quitté l'appart et être rentrée avec Hannah.


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