Quand on était toutes petites la drague c'était un truc lointain et brumeux style le Bac et le permis de conduire.
Un truc bizarre et un peu ridicule d'adulte. Un truc pas très
intéressant. Disons le tout de go: on s'en battait l’œil avec une patte
de tricératops de la drague. On avait bien mieux à faire. Fabriquer
notre quota de dents par exemple. A l'époque, on avait des obligations
sociales de haut vol. Des rendez vous importants au bac à sable. Des
dégustations de gâteaux de boue. Des randonnées exténuantes jusqu'à l'école et puis la maison. Des trucs de fous quoi.
Et tandis que nous dessinions côte à côte des trucs vaguement
psychédéliques on se disait qu'en fait les garçons c'est un peu comme des
filles mais avec des cheveux moches.
Vers
5 ou 6 ans,
on se rends compte qu'on s'est gouré. Les mecs sont pas comme nous. Ils
sont pires. Ils crient, jouent à la baballe et se tapent dessus plus
que de raison. Ils apprennent à lire plus tard que nous ou du moins avec
plus de difficulté et ils se curent beaucoup trop le nez. Loin d'être
soucieuses de la santé de leur muqueuse nasale, on est dégoûtée. A la
maison, on a un petit frère. Là encore nous remarquons une divergence.
Nos techniques de combat ne sont pas les mêmes. Là où nous utilisons nos
griffes acérées et tirons les cheveux, ils tapent avec leurs pieds et
leurs mains comme des brutasses pataudes. Mais nos deux ans d'ainée et
notre capacité à s'exprimer clairement nous filent l'avantage sur le
frangin par le biais des autorités parentales.
Collège:
nos corps se transforment. On a le pack seins/fesses/hanches qui ramène
sa framboise. Plus les comédons (un mot qu'on a appris sur une
bouteille de Neutrogena.) On découvre avec joie qu'on va saigner une
fois par mois pour les trente prochaines années. On regarde un
accouchement en VHS au cours de science Nat' et on sait toutes qu'un
jour prochain on va souffrir et qu'un alien sanguinolent va faire son
entrée de par le vaste monde par notre pas si vaste vagin. Sueurs
froides. Méditation. Acceptation de l'inéluctable. Premiers magazine
crétins du style "Girls!". Premier tube de mascara et premier gloss. Du
côté des mecs? Ils prennent un mètre 20 en deux ans, ont des boutons
pleins la face, des poils sur le haut de la lèvre qu'on a envie d'épiler
et la voix qui déraille à peu près toutes les voyelles prononcées.
Sexy.
A
ce moment là se passent les premières amourettes. Et là nous pouvons
observer la technique dite du Camion. Au collège ou du moins dans le
mien la drague des 13-14 ans se passait exactement comme ça. Le garçon
suivi de par ses potes qui sont entre deux et 10 selon la popularité du
gars vient voir la fille qui est entourée d'entre 6 et 15 copines
(supériorité des facilités de networking et de communication des filles
évidentes ici). Bref les deux futures se regardent et là le mec dit un
truc du style "on sort ensemble?"; La fille en se dandinant et gloussant
(manie regrettable) répond un : "Oui." Et le mec file un rencard: "Bon,
ben on se retrouve demain à la récré de 15h30 ici." et sur ce il se
barre. S'ensuit le jour suivant le premier baiser du "couple" en prime
time direct et en public largement commenté par les uns et les autres.
Si ils ont mis la langue, ce sera la discussion de tout le collège pour
les 20 prochaines années. Véridique.
Lycée:
Le physique masculin commencent carrément bien à trouver grâce à nos
yeux. C'est l'âge d'or des boucs ou autre mini pilosité taillée de la
face. La voix s'est enfin affirmé et la basse dans leur parole filent
des frissons dans le cou. Ouaip, on est shootées aux hormones.
C'est
le moment où on pige la séduction. T'es pas sensée avoir l'air
disponible ou partante. La glaciosité est la clé. Alors on joue les
bitchs froide, ça les intrigue...ou pas. On revoit nos tactiques. Les
soirées pour fêter n'importe quoi font foisons et sont le théâtre des
dépucelages à la chaine. On sort ensemble.
On les kiffe, ils nous kiffent, c'est cool.
On les kiffe, ils nous kiffent, c'est cool.
Ils
nous kiffent plus trop, ils nous larguent... On les kiffe plus trop on
les larguent... C'est un jeu de ping pong de cœurs battant et juvéniles.
Jusqu'à qu'on tombe amoureuse. Là c'est le bonheur et la merde. Le
bonheur parce qu'on a enfin notre quota d'orgasmes, de bisous et de
calins à profusion et à proximité et parce qu'on rigole bien ensemble.
La merde parce que quand ça finit ça fait mal.
On
apprends la douleur de la rupture, on écoute de la musique triste
("Colorblind" des Counting Crows for example.) Et on se jure qu'on ne
s'y reprendra plus, mais on s'y reprend plein de fois. Jusqu'à ce
qu'enfin on trouve le prince charmant et que ce soit
mêêêêêêêêêêêêêêêêêêêrveilleux et plus encore avec la pléthore de bambins
et de tirelait de luxe.
Ou qu'on meure en solitaire et qu'on découvre 3 semaines plus tard notre corps ravagé dévoré par notre berger allemand...
Ou plus probablement qu'on décide que l'amour c'est surfait et que de toute façon notre relation avec notre congélo devient trop prenante.
Ou plus probablement qu'on décide que l'amour c'est surfait et que de toute façon notre relation avec notre congélo devient trop prenante.
J'ai tellement ri :)
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